Alimentation durable : 3 questions à Violaine Grison, directrice d’investissement chez Sofiprotéol
Auteur
Violaine Grison
directrice d’investissement chez Sofiprotéol
Violaine Grison est directrice d’investissement chez Sofiprotéol, filiale d’investissement d’Avril. Elle explique comment des entreprises agro-alimentaires en aval de la chaine de production peuvent servir l’alimentation durable et comment Sofiprotéol les soutient.
Comment définissez-vous l’alimentation durable et en quoi y participez-vous ? C’est une alimentation qui prend en compte la préservation de nos ressources à long terme. Cela passe par un ensemble de nouvelles solutions et de nouveaux produits plus respectueux de l’environnement. L’innovation s’accélère autour des produits végétaux et en parallèle, les filières animales s’engagent fortement dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, dans le bien-être animal, et le développement des territoires.
L’investissement en faveur de l’alimentation durable est un domaine que l’on avait déjà choisi de développer chez Sofiprotéol de longue date. Nous avons construit un large portefeuille d’entreprises aux projets créateurs de valeur au sens large et pas uniquement financière, et ce sur le long terme.
Quels sont les projets concrets que vous portez et qui y contribuent ?
Nous avons depuis 2016 souhaité développer nos investissements dans l’aval des filières agricoles, en ciblant des entreprises agroalimentaires proposant des produits de grande consommation. Dans le secteur du végétal, nous avons ainsi récemment investi dans une jeune entreprise autrichienne, Vegini, qui a développé des substituts de viande à base de protéines végétales et connaît un développement rapide en Autriche et en Allemagne, grâce à la qualité de ses produits et à son savoir-faire. En France, nous participons, aux côtés du groupe Laiterie Saint Denis de l’Hôtel (LSDH), à la construction d’une usine d’extraction végétale, l’Atelier INOVé, qui produira des extraits végétaux utilisés pour la fabrication des jus végétaux et pour d’autres applications à développer. Nous partageons avec LSDH la même vision de l’alimentation durable et le même attachement au développement de long terme. Ses équipes sont animées par la même volonté de développer l’emploi et les filières locales, tout en restant attachées aux sujets de biodiversité. C’est notre complémentarité qui nous a guidés dans la réalisation de ce projet d’usine. L’usine devrait être inaugurée dans le courant du deuxième semestre de 2022.
Dans le secteur laitier, nous sommes très heureux d’avoir créé un partenariat avec Sodiaal, acquéreur en 2021 les activités de Yoplait en Europe. Dans ce cadre, nous avons en particulier décidé d’indexer la rémunération des quasi-fonds propres que nous avons apportés sur des critères RSE choisis ensemble : la diminution des émissions de gaz à effet de serre, la sécurité, l’installation de jeunes agriculteurs ou encore le bien-être animal. Grâce à ses 17 700 éleveurs, Sodiaal représente 20% de la collecte française et a un rôle clé dans le développement des territoires. Sodiaal s’est engagé à fixer de nouveaux objectifs ambitieux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre compatibles avec les Accords de Paris, en rejoignant l’initiative the Science Based Target (SBTi).
Pour citer un dernier exemple, nous sommes aussi investisseurs minoritaires de la société Sopral située en Bretagne qui propose des produits pour l’alimentation des animaux domestiques. Sopral a investi 14 millions d’euros en 2017 pour moderniser sa production et passer de 24 000 à 40 000 tonnes d’aliments produits. La société connaît une forte croissance et poursuit ses investissements et son développement, tout en s’approvisionnant à plus de 90 % en matières premières d’origine France et sans OGM.
Quelles sont vos convictions dans votre travail ? En particulier au regard de la raison d’être d’Avril, « Servir la Terre » ?
J’ai la conviction que rien ne peut fonctionner sans confiance et sans volonté de partager. Ce qui fait notre force chez Sofiprotéol et Avril, ce sont les échanges entre les équipes qui sont très complémentaires et disposent d’une grande connaissance du secteur alimentaire, tout en étant très ouvertes à la réflexion et au partage. « Servir la Terre » : c’est une raison d’être qui a la force de l’évidence. D’une certaine manière ce n’est pas nouveau, car nous avons toujours été très proches de la Terre et des gens qui la valorisent. Pour autant, c’est aussi une ambition affichée qui incite à toujours faire mieux. Cette raison d’être est un objectif qui nous guide dans nos réflexions et nous permet de formaliser un cadre de travail plus précis, pour aller plus loin.